Le Latanier rouge (Latania lontaroides), dit aussi Latanier de Bourbon est un palmier endémique de l’Ile de la Réunion. Autrefois présent dans plusieurs îles des Mascareignes, on ne le trouve plus aujourd’hui de façon naturelle qu’à La Réunion. Menacé d’extinction, le Latanier rouge faisait partie du quotidien des réunionnais. Il était exploité pour les qualités naturelles de son bois et de ses feuilles. C’est avant tout une magnifique plante. Il serait dommage de la voir disparaître du paysage naturel réunionnais.
Un palmier tropical à l’allure unique
On remarque tout d’abord le Latanier rouge à son allure unique. Un seul tronc droit, pouvant atteindre jusqu’à 10 M de haut et portant à son somment des feuilles palmées rigides en éventail. Son nom vient de la couleur rouge très vive des nervures et des bords des nouvelles palmes, dans les premières années de vie du palmier. Pour ajouter à la beauté incandescente du rouge des jeunes feuilles, les bords du limbe et les nervures principales sont finement dentés. À l’âge adulte, les marges rouges et épineuses des feuilles prennent une coloration grise /verte bleutée.
Le Latania lontaroides est aussi une espèce singulière, c’est un palmier dioïque. C’est-à-dire qu’il faut la présence d’un pied mâle pour que le pied femelle donne des fruits. Le Latanier rouge fait ainsi partie des rares espèces fruitières endémiques de l’île. Ses fruits (« pommes latanier ») possèdent une forme sphérique (diamètre 4 à 5 cm) à l’aspect brillant, et sont de couleur vert/marron. Le fruit du Latanier contient de 1 à 3 graines. L’albumen jeune de la graine est comestible, et le goût rappelle celui de la noix de coco.
Le latanier rouge est une espèce menacée d’extinction
On sait par des écrits qu’aux premiers temps de la colonisation de l’île Bourbon, le Latanier rouge était présent depuis le nord de l’île jusqu’au littoral du Grand Brûlé, en passant par Saint-Paul et Saint-Joseph. À quelques exceptions près, le palmier était absent de la côte est de l’île. Fortement exploité par l’homme pendant des siècles, victime d’espèces exotiques envahissantes, des cyclones, du braconnage et de l’urbanisation, Le Latanier rouge a malheureusement presque disparu.
L’espèce est aujourd’hui confinée à quelques endroits isolés de l’île, on compte moins de 250 individus sur l’ensemble du territoire. La Ravine Balthazar abrite actuellement la dernière population connue de La Possession. L’espèce Latanier rouge est considérée comme en danger critique d’extinction par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature.
Le Latanier rouge dans la culture réunionnaise
Selon des experts, la disparition du Latanier rouge a des répercussions sur la faune, puisque l’espèce était connue pour héberger des reptiles. De plus, les fruits du latanier étaient mangés par les tortues et les roussettes noires (chauve-souris). Les habitants de l’île mangeaient aussi les « pommes latanier ». Les enfants adoraient la pulpe crémeuse de la graine du Latanier rouge, une saveur d’antan oubliée.
Très présent dans l’Ouest et le Sud de l’île à l’arrivée des premiers colons, le bois du Latanier était largement utilisé comme bois d’œuvre, pour construire les cases créoles. Les feuilles du palmier servaient à la couverture des toits de chaume. Les Lataniers rouges furent surexploités par l’homme, non seulement pour fournir un matériau de construction, mais aussi parce que les cœurs du palmier étaient découpés, nettoyés, blanchis, puis tressés pour fabriquer des balais, des chapeaux de luxe ou les fameux « soubiks » (panier à provisions tressé). Le cœur des graines du Latanier était aussi exploité pour être poncé et sculpté par des artisans bijoutiers.
Cultiver le Latanier rouge
Le climat de l’île convient parfaitement au Latanier rouge, excepté la côte est de l’île, plus humide. Espèce rustique, le Latanier rouge est particulièrement bien adapté aux régions sèches. On essaie aujourd’hui de le réintroduire dans les jardins.
Si vous souhaitez planter un ou des Lataniers rouges, faites-le dans un sol profond et bien drainé, exposé en plein soleil et à basse altitude. Un sol même superficiel et caillouteux peut convenir. Le Latanier rouge supporte aussi les bords de mers et les embruns. En revanche, il est très sensible au trop plein d’humidité, ce qui explique d’ailleurs son absence dans l’est de l’île.
Pour entretenir votre palmier préféré, soyez vigilant quant aux ennemis naturels qui le menacent. Les palmiers sont sensibles à l’attaque de parasites comme les cochenilles, les pucerons, les acariens, ou encore les charançons. Les termites et les rats s’attaquent aux fruits. Pour venir à bout des cochenilles notamment, vous pouvez traiter les feuilles du Latanier avec un mélange eau/alcool à 70°/liquide vaisselle. Vous pouvez aussi enduire au pinceau les feuilles avec de l’huile végétale. En cas de forte infestation, consultez votre jardinerie spécialisée pour un traitement chimique.