Le Géranium rosat du genre Perlagonium est une variété de plante d’origine sud-africaine importée sur l’île de la Réunion au XIXème siècle. La Réunion a longtemps exploité le Géranium rosat pour produire une huile essentielle au parfum envoûtant. Puis, la culture du Géranium est progressivement tombée en désuétude, avant de connaître un renouveau depuis les années 1980, sous l’impulsion de l’activité touristique. Rencontre avec une des richesses naturelles de l’île.
Le Géranium rosat
Le Géranium rosat est issu de croisement entre les espèces sauvages de pélargoniums introduites d’Afrique du Sud. Sur l’île de La Réunion, le cultivar le plus important (variété d’une espèce végétale obtenue artificiellement pour être cultivée) porte le nom de Pelargonium cv. Rosé, un mélange hybride issu de croisement entre le Pergolium capitatum et le Pergolium Radens.
Le Géranium Rosat est un arbrisseau très ramifié, pouvant mesurer jusqu’à 1m40 de haut. Ses feuilles sont duveteuses, lobées, persistantes et contiennent du géraniol, un alcool liquide huileux à l’odeur de rose. Quand on les froisse ou les chauffe, un parfum citronné se dégage, rappelant celui des roses. Les tiges poussent vertes et se lignifient avec l’âge. Les fleurs du Géranium rosat sont très jolies : 5 pétales roses, dont certains se chevauchent et parmi lesquels 2 sont striés de rouge.
Le Géranium rosat trouve sa place dans les jardins créoles de l’île, à côté d’autres plantes à parfum, aromatiques et médicinales comme le vétiver, le curcuma, la citronnelle africaine, le safran tropical, le patchouli, etc. Sa culture tend malheureusement à disparaître. Aujourd’hui, on le trouve encore cultivé dans les Hauts de l’ouest, notamment à la Petite France, où l’on trouve encore une trentaine de distilleries. Les feuilles du Géranium rosat sont récoltées plusieurs fois dans l’année, de février à avril et aussi en décembre.
Histoire du géranium rosat sur l’île de La Réunion
C’est à Grasse en France que débute l’histoire du Géranium rosat. La ville provençale qui possède une longue tradition de culture des plantes à parfums commence à cultiver le Géranium rosat au XIXème siècle. Mais la plante craint le gel et les producteurs décident d’exporter la culture du Géranium dans les colonies françaises au climat plus clément, et notamment à La Réunion.
Importé dans les années 1870-1880 sur l’île, le Géranium est cultivé en hauteur, à une altitude supérieure à 800 m, essentiellement dans les Hauts de l’ouest du pays, sur les pentes occidentales du Maïdo. La plante est distillée dans un alambic à partir de 1882. Dès lors, l’huile produite à La Réunion est considérée comme la meilleure huile essentielle de géranium du monde. La production réunionnaise, d’une qualité exceptionnelle, connaîtra une forte expansion au début du XXe siècle, notamment au Tampon et dans les Hauts de l’ouest. À cause de la concurrence internationale, la production d’huile de géranium a considérablement décru en quelques décennies.
Le Géranium rosat dans la culture réunionnaise
Le Géranium rosat continu d’être cultivé principalement dans les Hauts de l’ouest de l’île. L’huile de géranium est toujours produite de manière traditionnelle avec un alambic. L’huile est extraite non des fleurs, mais des poils très fins présents sur la plante. Le producteur plonge les feuilles dans un alambic chauffé au feu de bois. La « cuite », qui désigne la cuisson, permet d’extraire l’huile contenue dans les feuilles grâce à la chaleur. Un tuyau passe ensuite dans une autre cuve remplie d’eau froide pour faire revenir la vapeur à l’état liquide, il sera alors facile de séparer l’huile de l’eau, l’huile étant plus légère. Il faut compter environ 300 à 400 kg de feuilles pour obtenir entre 0,5 et 1 litre d’huile essentielle. On attribue la qualité de l’huile de Géranium rosat de La Réunion à 4 facteurs : le terroir des hauts plateaux de l’île, l’ensoleillement, la pluviométrie des Hauts, et le savoir-faire ancestral de la distillation à la vapeur.
Même si la culture de cette plante a progressivement disparu, les réunionnais en connaissent les bienfaits qui font partie de la culture traditionnelle de l’île. Le Géranium rosat est aujourd’hui utilisé dans des produits cosmétiques et dans des soins paramédicaux (aromathérapie, phytothérapie). On lui prête ainsi certaines vertus médicinales. Il accompagne aussi la cuisine réunionnaise pour parfumer les farces et les sauces, mais aussi le rhum arrangé, les salades, les brioches, les gelées, les glaces et les pâtisseries… C’est pourquoi on le retrouve sur les étals des tisaneurs, sur les marchés, à Saint-Paul notamment.